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La ville ouverte parmi les 4 finalistes du grand prix de littérature dramatique 2019

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Le jury, présidé par Christophe Rauck a sélectionné le 9 septembre dernier les six finalistes des Grands Prix 2019 : 4 finalistes pour la catégorie Littérature dramatique et 2 finalistes pour la catégorie Littérature dramatique Jeunesse.

  • Grand Prix de Littérature dramatiqueTranse-maître(s) de Mawusi Agbedjidji, Éditions Théâtrales
    Mon cœur de Pauline Bureau, Actes Sud-Papiers
    La Ville ouverte de Samuel Gallet, Éditions Espaces 34, coll. Théâtre contemporain
    Tous des oiseaux de Wajdi Mouawad, Leméac/Actes Sud-Papiers, coll. Théâtre
  • Grand Prix de Littérature dramatique JeunesseNoircisse de Claudine Galea, Éditions Espaces 34, coll. Théâtre contemporain
    Laughton de Stéphane Jaubertie, Éditions théâtrales, coll. Jeunesse

La cérémonie des Grands Prix se déroulera le 14 octobre à 18h30 au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, partenaire de l’événement depuis 2016. Les élèves du Conservatoire, préparés par Robin Renucci, liront des extraits des œuvres finalistes.

Infos ici

 

 

La ville ouverte nous parle de trois femmes qui ne se connaissent pas mais qui ont toutes le sentiment de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Confrontées à l’impuissance et à la déréliction d’une société comme à leurs propres impasses personnelles (professionnelles ou amoureuses), elles se réfugient dans le sommeil, se rencontrent mystérieusement dans un rêve commun et organisent ensemble l’assassinat du fameux tyran de Syracuse.

En revisitant le mythe de l’épée de Damoclès et en le confrontant à l’époque actuelle, la ville ouverte interroge la place que notre société actuelle accorde au rêve. Comment poursuivre sa vie alors que tout est présenté sous l’angle de la disparition et de la déréliction ? Comment échapper au catastrophisme ? Comment percevoir des issues à l’opacité du présent et se déprendre d’un abattement tant personnel que collectif et re-convoquer des puissances ?

 

Ouvrage publié avec le soutien du Centre National du Livre

Mephisto Rhapsodie aux Éditions Espaces 34

 

Mephisto Rhapsodie - Samuel Gallet

« Nous qui avons vécu la montée du fascisme, nous nous vîmes une fois encore replongés dans cet état des commencements, sournois, indéfinissables  »
Peter Weiss
L’esthétique de la résistance

Le théâtre d’une petite ville de province, Balbek. Comme ailleurs dans le pays, l’extrême droite est aux portes du pouvoir. Une troupe permanente de comédiens et sa directrice travaillent en décentralisation.

Parmi eux, Aymeric, assoiffé de reconnaissance, rêve de gloire tandis que Lucas s’interroge sur la capacité du théâtre à participer aux luttes sociales et que Michael, sensible aux idées des Premières Lignes, dénote. Barbara, fille de la directrice d’un grand théâtre de la capitale, rejoint la petite troupe et découvre ces espaces péri-urbains délaissés.

Alors qu’Aymeric, monté à la capitale, gravit peu à peu les échelons de la notoriété avec l’appui de la mère de Barbara et de sa compagne, la jeune chanteuse Juliette Demba, la crise politique et sociale conduit à la catastrophe. Mais la célébrité est enfin là, à portée.

A quelles compromissions Aymeric sera-t-il prêt, quels silences, pour atteindre ce qu’il s’était promis d’atteindre ? Est-il possible de combattre un système de l’intérieur ?

Mephisto Rhapsodie traite des liens qu’entretiennent aujourd’hui l’art et le pouvoir, la politique et les artistes. Interrogeant les enjeux du théâtre contemporain, et convoquant la vie et l’œuvre de l’écrivain allemand Klaus Mann ainsi que la figure ambiguë du comédien allemand Gustaf Gründgens dans les années 30, ce texte cherche à déjouer les évidences. Il tente de critiquer la paresse de pensée qui nous fait parfois croire que nous ne participons pas de ce qui détruit un monde et travaille la zone de notre fascination aveugle pour la célébrité et le succès.

Publié avec le soutien du Centre National du Livre (CNL).

Les électronucléistes au parvis d’Avignon

Les électronucléïstes

 

Les Électronucléistes, c’est le nom de l’électro-rock band que composent les écrivain.e.s-performeur.se.s Emmanuelle Destremau, Samuel Gallet et Fabrice Melquiot avec le musicien-chanteur Eric Linder/Polar. Parfois, à leurs côtés, il y aura le comédien David Marchetto ou la comédienne Caroline Gonin. Les performances d’écriture collective des Électronucléistes font la part belle à l’écriture, à la musique, à l’improvisation et aux gens. En gros, ce sont des trucs impossibles à réaliser à jeun (et pourtant), des gestes hirsutes pour gens hirsutes, une polka qu’on danse avec le réel, c’est un direct toujours donné avec le cœur. Et comme tous les tours de passe-passe, ça peut rater. Mais des fois, ça marche (choisis le bon jour). Ici, ce qui se dit est écrit le jour même, à huit mains minimum. Et ça s’autodétruit sitôt la performance achevée.

Note ces 3 rendez-vous :

Fenêtres avec vue : c’est l’actualité du jour vue par 3 écrivains (Emmanuelle Destremau, Samuel Gallet, Fabrice Melquiot) et un musicien (Eric Linder aka Polar). Une revue de presse écrite à huit mains, le jour même de sa restitution publique. Cerise sur le gâteau : des invités surprises peuvent entrer dans la danse, à l’improviste.

Mon chef-d’œuvre : chaque électronucléiste rencontre un.e habitant.e d’Avignon qui lui fait visiter la ville, les lieux qu’il.elle aime, qu’il.elle déteste et les rêves qu’il.elle a. Puis le poète électronucléiste lui demandera de lui parler d’un choc esthétique qu’il.elle a eu dans sa vie. Son chef-d’œuvre. Ensuite, le poète électronucléiste dressera un portrait de la personne rencontrée à travers son regard sur sa ville et ce choc esthétique déterminant. La vie comme une série de confrontations avec ce qui est plus grand que soi et énigmatique, comme l’art, comme les chefs-d’œuvre.

Radio Souvenirs : reconstitution d’une fausse émission de radio à partir de souvenirs personnels liés à la radio. L’émission est composée dans la journée. C’est une radio libre. On peut tout y dire, tout y faire. Les Electronucléistes deviennent animateurs de nos mémoires de voix sur bande FM ou grandes ondes.

Quand ce jour-là vers 17h, tu entreras dans cette splendide église située au cœur de la Cité des Papes, textes et musique fumeront encore d’être tout juste sortis des crânes. Tu t’installeras dans le gradin et la vie sera simple comme bonjour.

Toutes les infos ici

 

 

 

Visions d’Eskandar – Samuel Gallet et le collectif Eskandar

Visions d'Eskandar

 

Dans La bataille d’Eskandar, une femme, pour échapper aux huissiers, rêve d’un séisme qui les ferait disparaître. Ainsi le chaos lui permettrait-il de se reconstruire, autre, avec Mickel, son fils de huit ans et demi. L’urgence est telle et le rêve si fort que la catastrophe advient. Tout s’effondre. Dans la ville d’Eskandar, la nature reprend ses droits. Un zoo est laissé à l’abandon, des fauves s’échappent, et attaquent celles et ceux qui n’ont pas pu ou voulu partir.

Dans VISIONS D’ESKANDAR, nous découvrons comment deux hommes et une femme saisis dans un moment de rupture existentielle, commencent, chacun à leur manière, à habiter cette ville parallèle. Et imperceptiblement transforment la situation.

Grâce à la catastrophe réelle ou imaginaire, imprévisible, ils inventent le monde qui viendra et les formes qu’il devrait ou pourrait prendre. Architecture, politique, rêves, utopies, lois, ces habitants sous la menace d’une mort pouvant survenir à tout moment, inventent la reconstruction au coeur même du désastre, en dépit du désastre, contestant par là-même sa totalité.

Eskandar serait ainsi cette ville qui jaillit du rêve de quelques-un.e.s, qui ne supportent plus la société actuelle, qui se sentent totalement étrangers au monde tel qu’il va. Chômeurs, précaires, vieux, inactifs, gamins des quartiers populaires, peuples anonymes qui attendent la fin, populations résignées et muettes, maîtres-nageurs, caissières, poètes sans fric, paysans sans terre. Ils se réfugient alors dans cette ville détruite et en voie de reconstruction. Et s’inventent d’autres possibles.

Comment interroger nos représentations de l’avenir à une époque où nos imaginaires semblent dominés par la catastrophe ? Comment réfléchir à un avenir alternatif qui ne rimerait pas avec dévastation de la planète et accentuation des guerres et des totalitarismes ?

Entre théâtre et oratorio, épique et dramatique, évocation et incantation, présences et absences; Entre le rêve et le réel, je propose un théâtre qui confronte différentes formes de prises de paroles – chants, dits, invectives, explications – contradictoires, complémentaires, insatisfaites.

Texte et mise en scène : Samuel Gallet

Avec

Composition musicale et interprétation : Mathieu Goulin et Aëla Gourvennec

Interprétation : Caroline Gonin, Jean-Christophe Laurier, Pierre Morice

Scénographie : Magali Murbach

Lumière : Adèle Grépinet

Création sonore : Fred Bühl

Dramaturgie : Amaury Ballet

Création 2018 : Le collectif Eskandar

Production :

PAN ( Producteurs Associés de Normandie : La Comédie de Caen – CDN de Normandie / CDN de Normandie – Rouen / Le Préau – CDN de Normandie – Vire / Le Tangram EPCC Évreux Louviers Eure / Dieppe Scène Nationale / Scène Nationale 61 – Alençon / Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin)

Coproduction Les Scènes du Jura – Scène Nationale 

  • Création au CDN de Caen les 25,26,27 mars 2019
  • Le 2 avril 2019 au CDN de Vire
  • Les 4 et 5 avril au Trident de Cherbourg
  • Autres dates à venir à l’automne 2019
  • Tournée saison 2019/2020/2020/2020

 

Nous portons les villes à venir. Nous sommes sur la ligne de départ. Ouvertes. Prêtes à cracher. Dans quelques mois secondes. Toutes à différents endroits du globe. Dans différentes conjectures. Nous portons la ville qui vient. Nous aurons des fils et des filles. Et ils n’auront pas les mêmes intérêts. Se renifleront. Se grimperont dessus. S’aimeront. Se détruiront. Discuteront sur des places. Construiront des mondes. Négocieront des trêves. Réclameront la justice. Nous les cracherons dans différents endroits du globe. Dans différentes familles ils feront leurs entrées. Dans différents contextes socio-économiques. Nous les cracherons au jour, petite matière tendre et comestible. Ils seront là. Grandiront dans nos jambes. Nous portons les guerres à venir. Sur la ligne de départ. Qui sera le meilleur ? Qui le premier ? Qui arrivera sur la ligne d’arrivée devant les autres ? Qui dominera ? Qui se taira ? Qui ne sera rien ? Qui baissera les yeux toujours s’emmêlera dans le langage ? Qui assassinera sans scrupule ? Qui possèdera les corps des autres ceci est à moi ? Crache dans une chambre du quartier Sud l’enfant guerre numéro 1. Crache dans une chambre l’enfant guerre civile. Crache dans la chambre de l’hôpital l’enfant revanche. Crache dans la chambre l’enfant pogrom l’enfant sans défense l’enfant qui résistera l’enfant fugue fuite échappée belle survie alternative. Crache sur la table d’accouchement l’enfant insurrection armée foules en arme grande chevauchée cortège de tête à travers les plaines. Crache l’enfant nouveau monde. Crache l’enfant artisan constructeur architecte barde chanteur poète. Crache l’enfant de la concorde du bon gouvernement des peuples par eux-mêmes de la reconstruction. L’enfant nouveau soleil. Et crache l’enfant sang-froid long travail obstiné crache l’enfant de la paix perpétuelle.

 

Mephisto Rhapsodie – Samuel Gallet / Jean-Pierre Baro

 

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Le théâtre d’une petite ville de province, Balbek. Comme ailleurs dans le pays, l’extrême droite est aux portes du pouvoir. Une troupe permanente de comédiens et sa directrice travaillent en décentralisation. Parmi eux, Aymeric, assoiffé de reconnaissance, rêve de gloire tandis que Lucas s’interroge sur la capacité du théâtre à participer aux luttes sociales et que Michael, sensible aux idées des Premières Lignes, dénote. Barbara, fille de la directrice d’un grand théâtre de la capitale, rejoint la petite troupe et découvre ces espaces péri-urbains délaissés.

Alors qu’Aymeric, monté à la capitale, gravit peu à peu les échelons de la notoriété avec l’appui de la mère de Barbara et de sa compagne, la jeune chanteuse Juliette Demba, la crise politique et sociale conduit à la catastrophe. Mais la célébrité est enfin là, à portée. A quelles compromissions, Aymeric, sera-t-il prêt, quels silences, pour atteindre ce qu’il s’était promis d’atteindre ? Est-il possible de combattre un système de l’intérieur ?

 

Mephisto Rhapsodie traite des liens qu’entretiennent aujourd’hui l’art et le pouvoir, la politique et les artistes. Interrogeant les enjeux du théâtre contemporain, et convoquant la vie et l’œuvre de l’écrivain allemand Klaus Mann ainsi que la figure ambiguë du comédien allemand Gustaf Gründgens dans les années 30, ce texte cherche à déjouer les évidences. Il tente de critiquer la paresse de pensée qui nous fait parfois croire que nous ne participons pas de ce qui détruit un monde et travaille la zone de notre fascination aveugle pour la célébrité et le succès.

 

Création au TNB : 6 au 16 mars 2019

En tournée saisons 2018-2019 / 2019-2020

Distribution

 

Texte Samuel Gallet ( à paraître en février 2019 aux Editions Espaces 34)
Librement inspiré de l’oeuvre de Klaus Mann
Mise en scène Jean-Pierre Baro
Avec Jacques Allaire, Julien Breda, Lorry Hardel, Elios Noël, Tonin Palazzotto, Pauline Parigot, Mireille Roussel … (distribution en cours pour 8 comédiens)
Son Loïc Le Roux
Lumières Bruno Brinas
Scénographie Mathieu Lorry Dupuy
Costumes Majan Pochard
Collaboration à la mise en scène Amine Adjina
Régie générale Adrien Wernert
Administration, production, diffusion Cécile Jeanson
Chargée de production Marion Krähenbühl

 

Production

Extime Compagnie, Théâtre National de Bretagne CDN – Centre européen théâtral et chorégraphique
Coproduction MC2 : Maison de la culture – Scène nationale de Grenoble, Les Scènes du Jura Scène nationale, Théâtre Olympia CDN de Tours, le POC – Pôle Culturel Alfortville, Collectif Eskandar (production en cours)
Accueils en résidence Théâtre National de Bretagne CDN, Le Tarmac-La Scène Internationale Francophone

Extime Compagnie est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Île-de-France et est associée au Théâtre National de Bretagne CDN – Centre européen théâtral et chorégraphique.

Site du Théâtre National de Bretagne

http://www.bureau-formart.org/agenda/mephisto

Jean-Pierre Baro

 

Mephisto Rhapsodie

EXTRAIT :

LUCAS.

Quand j’étais étudiant

Nous avions un professeur en science politique

Il venait

Donnait ses cours

Et parfois

Quand nous travaillions sur l’histoire des révolutions au XXe siècle

Il se taisait

Et nous restions comme ça

Immobiles

A ne rien dire

Dans la salle de classe

Alors au bout d’un très long moment

Il lâchait

Un peu embarrassé

« Nous avons été attendus

Des gens ont espéré dans l’humanité à venir

Et toutes celles et ceux qui ont été vaincus nous regardent maintenant

Pour éviter qu’à nouveau tout sombre »

Pendant longtemps j’ai porté ce regard sur moi comme une culpabilité

Ils étaient là les morts

Me regardaient

Celles et ceux qui avaient combattus

Et qui avaient été détruits par le Léviathan

Ils me regardaient et je ressentais toujours comme des reproches

Comme le regard d’un juge sur moi

Et je me disais

Je ne suis pas à la hauteur

Et j’avais honte

Et puis nous avons appris à vivre ensemble

Les morts et moi

Ils étaient là

Ne m’accusaient plus

Me poussaient légèrement en avant avec leur tendresse de mort

Me murmuraient parfois à l’oreille de ne pas renoncer

Et j’essayais encore et toujours de ne pas décevoir leur attente

De faire qu’une autre Histoire soit possible

Et il y a depuis dans ma mémoire toujours ce professeur assis dans un coin sur sa chaise

Sans âge

Qui ne dit rien

Embarrassé

Et qui relève parfois la tête

Et murmure

« Si l’ennemi triomphe, même les morts ne seront pas en sureté »

 

Quelques notes sur Mephisto Rhapsodie, l’art et la politique, Klaus Mann et la fragile résistance

 

« Le succès, cette sublime, irréfutable justification de toutes les infamies. »

Klaus Mann

Méphisto

 

Montée des extrémismes, banalisation des discours racistes, crise économique, replis identitaires, autoritarisme, appels répétés à la grandeur et à la pureté nationale, mépris du débat d’idées et haine de la démocratie, ressentiment, hargne et colère, attrait obscur pour la catastrophe…, l’Europe actuelle se retrouve fortement hantée par le spectre de son histoire fasciste. La comparaison régulièrement faite entre le contexte actuel et l’Allemagne des années 30, a de quoi nous interpeller.

Si la séquence historique que nous traversons ne peut être calquée sur celle de la République de Weimar – l’Histoire bégaie mais ne se répète jamais à l’identique -, si la période qui s’ouvre ne s’inscrit pas dans les mêmes enjeux politiques, cette époque du début des années 30, minée par le dégout d’elle-même, hantée par la destruction, le désir de vengeance et la grande catastrophe, impuissante à empêcher l’horreur d’advenir, pourrait peut-être nous permettre de questionner la nôtre. Quels rapports entretenons-nous aujourd’hui avec la catastrophe, avec le fascisme, avec l’indifférence ou avec, comme l’évoque l’historien Patrick Boucheron, notre propre fascination pour la tyrannie ?

En retraçant l’itinéraire d’un artiste avide de gloire dans une société allemande gangrénée puis dévorée par le nazisme, en s’inspirant de la figure du grand acteur allemand Gustaf Grüdgens qu’il a très bien connu, Klaus Mann dans son roman Méphisto interroge et critique les liens qu’entretiennent l’art et le pouvoir, le théâtre et l’État, la politique et les artistes, et plus largement, nos propres existences avec le compromis.

S’inspirer des artistes s’étant compromis avec les dictatures, de la figure ambigüe de Gustaf Gründgens,  des combats que Klaus Mann a mené toute sa vie jusqu’à l’épuisement et le suicide, de ses articles où il raconte ses entrevues avec les artistes comme Richard Strauss ayant continué à travailler sous le Troisième Reich, ou de sa correspondance avec Gottfried Benn, nous conduit immanquablement à nous interroger sur l’époque contemporaine.Qu’en est-il de nos propres points aveugles et de cette figure de l’artiste prise souvent dans une schizophrénie entre amour revendiquée de la justice et de l’humanité et course à la gloire effrénée dans l’ultra concurrence capitaliste? Jusqu’où sommes-nous capables d’aller pour éviter que la politique ne vienne contrecarrer nos plans, pour atteindre ce que nous nous étions promis d’atteindre ? Une place, une position, une respectabilité, un rêve ?  Qu’est-ce que nous acceptons de ne pas voir, de ne pas dénoncer pour pouvoir mener nos affaires au mieux ? Pouvons-nous prétendre réellement combattre et subvertir un système de l’intérieur ? Quand ce système est de plus en plus rigide, répressif, autoritaire ?  L’Art et la Culture sont-ils véritablement des remparts contre la Barbarie ? Mais laquelle ?

Mephisto Rhapsodie tente de déjouer les évidences, de critiquer la paresse de pensée qui nous fait parfois croire que nous ne participons pas de ce qui détruit un monde. Car il s’agit sans doute de travailler la mauvaise conscience d’un temps, d’interpeller ce pays où nous sommes, d’y évoquer le sentiment de relégation ressentis par beaucoup pour appréhender le terreau sur lequel naissent les catastrophes. Mephisto Rhapsodie parle aussi du doute de ce que peut le théâtre à l’heure des périls, de ce que signifie le théâtre dans un monde de la production effrénée et de l’urgence permanente, questionne la puissance ou non de ce que nous faisons, la nécessité et la vanité de ce que nous faisons, l’engagement et le sentiment d’impuissance face au bulldozer de l’Histoire qui arrive, et tente de venir interpeller les forces mêmes qui nous fondent, nos fragiles mais nécessaires résistances à ce qui nous détruit.

Samuel Gallet

Mai 2018

 

 

 

Issues – Samuel Gallet / Simon Le Moullec

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Pour la création de sa compagnie : Les Eclaireurs, Simon Le Moullec souhaitait, trouver des textes qui traitaient des thématiques du pouvoir et des résistances. Il cherchait là où l’acte politique, qui est omniprésent dans sa vision des choses, allait rencontrer le jeu et la fable, dans une prise « réelle » avec notre société contemporaine.

Simon Le Moullec a découvert le texte de Samuel Gallet ISSUES en 2016, alors inédit sur une scène de théâtre.

Dans un centre pénitencier pour hommes, Boris, auteur contemporain, anime un atelier d’écriture. Trois détenus sont volontaires pour y participer 672 , 58 et 99. Au gré des exercices de Cut-Up proposés par Boris, le groupe se forme. Un projet naît: réécrire et jouer Lysistrata, la pièce subversive de l’auteur comique Aristophane. Lors de la guerre du Péloponèse, un groupe de femmes (jouées ici par des hommes) décide la grève du sexe pour convaincre les hommes de faire la paix et de renouveler ainsi un équilibre au sein de la Cité. C’est alors qu’en pleine répétition, l’Intrus, détenu lui aussi, exhorte la bande à renverser littéralement la trame de la pièce antique… Une autre vision est proposée et acceptée par l’équipe. S’entame alors, entre quatre murs, une improvisation décalée et fantasque à la manière d’un road-movie déglingué où il sera question de méchouis, de sexe, d’utopie… et de liberté.

ISSUES nous parle à travers et depuis le milieu carcéral, de la poésie, de la démocratie et de ses espaces en marge d’une société qui peine à renouveler le sens du Politique. L’écriture est brusque, urgente et très inventive.

L e s  é c l a i r e u r s C O M P A G N I E

Les éclaireurs est une structure artistique associative créée en 2016 à Nantes. Sa vocation est de donner voix, corps et lumière au monde d’aujourd’hui à travers des oeuvres singulières et originales qui entretiennent par leurs contenus et leurs esthétiques, une résonance avec l’Histoire. Elle interroge autant qu’elle exprime, une vision du monde où l’Homme explore, rêve, raconte, enfreint pour créer continûment de l’inattendu.

La direction artistique des éclaireurs est assurée par Simon Le Moullec ; comédien et metteur en scène formé au T.N.B entre 2006 et 2009 sous la direction de Stanislas Nordey. Il rencontre là-bas des artistes singuliers avec qui il travaille comme acteur mais également, au gré des rencontres, comme assistant à la mise en scène sur des projets d’enseignements et de créations. Plus tard, il répond à des commandes de mise en scène, s’exerçant autant à la direction d’équipes artistiques que techniques. Les éclaireurs est la concrétisation personnelle de son chemin d’artiste en proie aux questions qui l’animent. Aujourd’hui, il pose les fondations d’un premier cycle de travail qui interroge les notions de pouvoirs et de résistances en prenant appui sur les textes d’auteurs tels que José Saramago (La Lucidité, 2006 / L’aveuglement, 1995), de Gianna Cărbunariu (Avant hier, Après demain, 2008) ou bien Samuel Gallet (ISSUES, 2016). A travers ces oeuvres, il est question des désirs, des utopies et des visions que formulent des groupes de gens en marge de sociétés essoufflées. Ces zones d’exclusions où s’établissent par le rêve et la nécessité, un renouvellement du Politique

ISSUES, de Samuel Gallet

Texte publié aux Editions Espace 34

Projet porté par Les Eclaireurs Compagnie – Simon Le Moullec

Mise en scène : Simon Le Moullec

Avec : Alexis Fichet / Gilles Gelgon / Giuseppe Molino / Denis

Monjanel / Nicolas Richard

Scénographie : Nicolas Comte et Yohann Olivier

Création video : Nicolas Comte

Création lumière : Yohann Olivier

Création son : Guillaume Bariou

Création costume : Catherine Boisgontier

Creation maquillage : Simon Livet

Régie générale : Yohann Olivier

Construction : Les Atelier du Grand T / François Corbal

Administration : Le bureau des Arts

Production : Les Eclaireurs Compagnie Co-production : Le Grand T, théâtre de Loire atlantique / La Fonderie, Le Mans

Avec le soutien de l’état – préfète de la région pays de la Loire – direction des affaires culturelles – la région pays de la Loire –  le conseil départemental de Loire Atlantique, et l’aide à la création de la ville de Nantes – Coopération Nantes – Rennes – Brest pour un itinéraire d’artiste(s).

Résidences: Le Grand T / Le théâtre de l’Ephémère / La fonderie / Au bout du Plongeoir / Les Fabriques laboratoire(s) artistique(s) / La Chapelle Derezo /

 

DATES 

Le mardi 16 octobre 2018 au Théâtre du Rond Point ( Paris ) 

Du 17 au 22 décembre 2018 à La Fonderie, Le Mans

Du 8 au 12 Janvier 2019 au TU NANTES

Le 5 Mars ( et le 6 EN OPTION ) 2019 au THV, St Barthélémy d’Anjou

 

Article Ouest France

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La bataille d’Eskandar prix Collidram 2018

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Le prix Collidram est un prix national qui s’adresse aux élèves de collèges, de la 6ème à la 3ème.
Il est relayé par les Délégations Académiques à l’éducation Artistique et à l’Action Culturelle (DAAC) des rectorats. Les quatre pièces proposées aux élèves sont choisies dans une sélection effectuée par les éditeurs de théâtre ; elles ont été publiées dans l’année (pas nécessairement dans une collection jeunesse). 

http://www.postures.fr/?cat=8

 

 

La bataille d’Eskandar