Visions d’Eskandar – Samuel Gallet et le collectif Eskandar

Visions d'Eskandar

 

Dans La bataille d’Eskandar, une femme, pour échapper aux huissiers, rêve d’un séisme qui les ferait disparaître. Ainsi le chaos lui permettrait-il de se reconstruire, autre, avec Mickel, son fils de huit ans et demi. L’urgence est telle et le rêve si fort que la catastrophe advient. Tout s’effondre. Dans la ville d’Eskandar, la nature reprend ses droits. Un zoo est laissé à l’abandon, des fauves s’échappent, et attaquent celles et ceux qui n’ont pas pu ou voulu partir.

Dans VISIONS D’ESKANDAR, nous découvrons comment deux hommes et une femme saisis dans un moment de rupture existentielle, commencent, chacun à leur manière, à habiter cette ville parallèle. Et imperceptiblement transforment la situation.

Grâce à la catastrophe réelle ou imaginaire, imprévisible, ils inventent le monde qui viendra et les formes qu’il devrait ou pourrait prendre. Architecture, politique, rêves, utopies, lois, ces habitants sous la menace d’une mort pouvant survenir à tout moment, inventent la reconstruction au coeur même du désastre, en dépit du désastre, contestant par là-même sa totalité.

Eskandar serait ainsi cette ville qui jaillit du rêve de quelques-un.e.s, qui ne supportent plus la société actuelle, qui se sentent totalement étrangers au monde tel qu’il va. Chômeurs, précaires, vieux, inactifs, gamins des quartiers populaires, peuples anonymes qui attendent la fin, populations résignées et muettes, maîtres-nageurs, caissières, poètes sans fric, paysans sans terre. Ils se réfugient alors dans cette ville détruite et en voie de reconstruction. Et s’inventent d’autres possibles.

Comment interroger nos représentations de l’avenir à une époque où nos imaginaires semblent dominés par la catastrophe ? Comment réfléchir à un avenir alternatif qui ne rimerait pas avec dévastation de la planète et accentuation des guerres et des totalitarismes ?

Entre théâtre et oratorio, épique et dramatique, évocation et incantation, présences et absences; Entre le rêve et le réel, je propose un théâtre qui confronte différentes formes de prises de paroles – chants, dits, invectives, explications – contradictoires, complémentaires, insatisfaites.

Texte et mise en scène : Samuel Gallet

Avec

Composition musicale et interprétation : Mathieu Goulin et Aëla Gourvennec

Interprétation : Caroline Gonin, Jean-Christophe Laurier, Pierre Morice

Scénographie : Magali Murbach

Lumière : Adèle Grépinet

Création sonore : Fred Bühl

Dramaturgie : Amaury Ballet

Création 2018 : Le collectif Eskandar

Production :

PAN ( Producteurs Associés de Normandie : La Comédie de Caen – CDN de Normandie / CDN de Normandie – Rouen / Le Préau – CDN de Normandie – Vire / Le Tangram EPCC Évreux Louviers Eure / Dieppe Scène Nationale / Scène Nationale 61 – Alençon / Le Trident, Scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin)

Coproduction Les Scènes du Jura – Scène Nationale 

  • Création au CDN de Caen les 25,26,27 mars 2019
  • Le 2 avril 2019 au CDN de Vire
  • Les 4 et 5 avril au Trident de Cherbourg
  • Autres dates à venir à l’automne 2019
  • Tournée saison 2019/2020/2020/2020

 

Nous portons les villes à venir. Nous sommes sur la ligne de départ. Ouvertes. Prêtes à cracher. Dans quelques mois secondes. Toutes à différents endroits du globe. Dans différentes conjectures. Nous portons la ville qui vient. Nous aurons des fils et des filles. Et ils n’auront pas les mêmes intérêts. Se renifleront. Se grimperont dessus. S’aimeront. Se détruiront. Discuteront sur des places. Construiront des mondes. Négocieront des trêves. Réclameront la justice. Nous les cracherons dans différents endroits du globe. Dans différentes familles ils feront leurs entrées. Dans différents contextes socio-économiques. Nous les cracherons au jour, petite matière tendre et comestible. Ils seront là. Grandiront dans nos jambes. Nous portons les guerres à venir. Sur la ligne de départ. Qui sera le meilleur ? Qui le premier ? Qui arrivera sur la ligne d’arrivée devant les autres ? Qui dominera ? Qui se taira ? Qui ne sera rien ? Qui baissera les yeux toujours s’emmêlera dans le langage ? Qui assassinera sans scrupule ? Qui possèdera les corps des autres ceci est à moi ? Crache dans une chambre du quartier Sud l’enfant guerre numéro 1. Crache dans une chambre l’enfant guerre civile. Crache dans la chambre de l’hôpital l’enfant revanche. Crache dans la chambre l’enfant pogrom l’enfant sans défense l’enfant qui résistera l’enfant fugue fuite échappée belle survie alternative. Crache sur la table d’accouchement l’enfant insurrection armée foules en arme grande chevauchée cortège de tête à travers les plaines. Crache l’enfant nouveau monde. Crache l’enfant artisan constructeur architecte barde chanteur poète. Crache l’enfant de la concorde du bon gouvernement des peuples par eux-mêmes de la reconstruction. L’enfant nouveau soleil. Et crache l’enfant sang-froid long travail obstiné crache l’enfant de la paix perpétuelle.