Pour échapper aux huissiers, une femme rêve d’un séisme qui les ferait disparaître. Ainsi le chaos lui permettrait-il de se reconstruire, autre, avec Mickel, son fils de huit ans et demi. L’urgence est telle et le rêve est si fort que la catastrophe advient. Tout s’effondre. Dans la ville d’Eskandar, la nature reprend ses droits. Un zoo est laissé à l’abandon, des fauves s’échappent et attaquent celles et ceux qui n’ont pas pu ou voulu partir. Parmi eux Thomas Kantor, un obscur criminel en cavale.
Accompagnée de Mickel, cette femme, se rebaptisant Madame de Fombanel, s’enfuit de chez elle et s’enfonce dans la zone pour abattre des lions. A la fois effrayée et fascinée par la propagation du désastre, elle investit une école abandonnée, à la porte de laquelle Thomas Kantor vient frapper.
Ouvrage publié avec le soutien du Centre National du Livre
- Création au Préau-Centre dramatique de Normandie-Vire en février 2016 puis en tournée avec Pauline Sales, Aëla Gourvennec, Grégoire Ternois et Samuel Gallet (En savoir plus)
- Sélectionné par le Bureau de Lecture de France Culture en juin 2016
- Création sur France Culture, Fictions, dans une réalisation de Laure Egoroff, avec les élèves comédiens de la 76e promotion de l’Ensatt, le 14 mars 2017 (Écouter).
- Traduction en turc par Reyhan Özdilek pour le festival New text New Theatre ( Galata perform d’Istanbul / Institut Français )
Quelques notes
Eskandar. Ville imaginaire, onirique, pour nommer ces espaces troubles de nos sociétés, ces zones tant symboliques que réelles, laissées à l’abandon, mises à l’écart de la marche du monde qui expriment à la fois ce qui disparaît irrémédiablement et ce qui n’est pas encore repérable, les premières pousses d’un monde nouveau. Eskandar peut être ici comprise comme symbole de notre époque en friche, minée par le dégout d’elle-même, traversée par des jaillissements de violences, mais où apparaissent malgré la peur et les replis, malgré les haines attisées et les tensions, de nouveaux alphabets pour le monde de demain. La bataille d’Eskandar évoque cette tension – que le rêve exprime sans contradiction – entre notre obscur désir de destruction totale et notre lutte quotidienne pour construire des espaces viables pour soi et pour autrui. Espaces sous tension peuplés de vertiges, d’appréhensions mais aussi de joie, de beauté et d’humour.