Oswald de nuit

Présence secrète dans les murs de la ville, Oswald est la figure centrale de ce triptyque. D’une chambre d’un hôtel quelconque (dans le premier volet éponyme) à la rencontre d’un homme – lui-même victime et prisonnier de ses propres préjugés – (L’Ennemi), sa trajectoire est marquée par le désarroi de la jeunesse devant les dérives politiques et économiques contemporaines. Face à cette impasse, une jeune Européenne (Rosa) éclaire sous une forme poétique les voix possibles d’un dépassement de ce climat résigné. De la désespérance à l’ espoir d’ une nouvelle utopie commune.

Ouvrage publié avec le soutien du Centre National du Livre.

Date de publication

2012

Éditeur

Détails

13x21cm, 56 p.

ISBN

978-2-84705-095-0
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Extrait

Oswald sniffe de l’essence hôtel chambre 64.
Oswald a bien compris que rien ne sert de courir, le monde finira toujours par le rattraper.
Les yeux bloqués par la came, pianotant le sol de ses doigts maigres, le voilà qui rêve d’une ville aux murs transparents, aux rues éclatées en dix directions, aux fleuves investis.
Nous nous ennuierions moins.
Dit Oswald et il plonge la tête dans la bouteille plastique parce qu’il ne croit plus à l’imagination.
Et il se retourne sur le matelas humide.
Été pollué.
Niveau d’alerte 4.

Le matin déjà.
La ville rincée.
Les éboueurs désencombrent le marché des déchets, fruits pourris, haleines stagnantes, tréteaux mouillés de pulpes et d’insecticides.
Se disputant avec Oswald les restes gratuits recueillis par l’asphalte, ils jettent les dernières heures du matin dans le trou motorisé.
Des femmes bleues se déchirent le corps d’Oswald dans les rues lentes de midi.
Des chambres se vident.
Des taxis se taisent.
Des guerres s’épanouissent.
La journée avance si vite.
Mais Oswald s’échappe.
Oswald s’évade.
Oswald est une échappée d’air.

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